Valorisation de la littérature par l’invitation d’auteurs en résidence, entretiens, lectures à hautes voix, lectures musicales et ateliers…

Il ne faut rien dire

Il regarde sa fille. L’élan qui pourrait l’attacher à cette première-née cherche la faille pour entrer au fond de lui mais reste à la surface de sa peau puis se dissipe dans l’air. Je pense que c’est à ce moment là que ça se joue : il ne ressent rien. Fin d’une histoire qui n’a pas eu le temps de commencer. Là se décide la réminiscence infinie d’une phrase que j’entendrai à l’abri des murs d’une autre maison : « Mon père, il ne m’aimait pas ». Jouissance de la répétition, autre version. Une moitié de moi s’imprègne de ce désamour si précoce. Je suis enduite de désamour à vie depuis l’été 1945. Armand me donne là une raison de vivre assez longtemps pour venger ce bébé qu’il vient de rencontrer. Dois-je dire merci?

Marielle Hubert