Le Bruit des mots

Des auteurs et des autrices continuent, malgré tout, à vouloir nous faire rire, sourire ou grincer des dents. C’est le cas de Pauline Toulet, Nathalie Quintane et Paul Fournel que nous avons choisi de réunir pour cette table ronde.

Chez Nathalie Quintane, l’humour est insurrectionnel, son dernier texte paru, Tout va bien se passer, nous emporte du côté de la farce politique, avec des situations improbables, un rythme effréné, des renversements en tous genres ; c’est pourtant bien de notre contemporain qu’il est question.

Imagine claudine de Paul Fournel est un recueil de nouvelles qui font réseau, où l’on retrouve la médisante Claudine des « Grosses rêveuses », très remontée… Entre ironie et tendresse, Paul Fournel s’amuse de la méchanceté de son personnage et dresse une galerie de portraits de héros ruraux.

Claude Lévi-Strauss, le saint patron des ethnologues, serait-il un serial killer, coupable d’avoir empoisonné nombre de ses rivaux ? C’est la théorie d’Anatole Bernolu, héros fantasque du premier roman de Pauline Toulet Anatole Bernolu a disparu, à la fois roman de formation, polar burlesque et satire débonnaire.

Cette table ronde tente de nous éclairer sur les écritures humoristiques qu’elles soient politiques, fantasques ou tendrement ironiques, ce qui fait le rire dans l’écriture, et de quoi l’humour peut-être le levier.

Être poursuivi par un cochon sauvage enragé, se retrouver coincé avec un type qui cache six serpents dans son pantalon, ou pris en otage par un dromadaire roublard dans le désert… Est-ce ça le bush ? Kenneth Cook n’est pas au bout de ses peines !
Au fil de ses pérégrinations australiennes, l’écrivain magnifie l’art de se mettre dans des situations ridiculement dangereuses et terriblement drôles.

Max, un petit gars de banlieue, conducteur grutier à la fourrière, vient d’enlever une voiture sur un emplacement livraison. C’est alors qu’il découvre, sur la banquette arrière, une vieille dame. Faute professionnelle qui risque de causer son renvoi…

« Une bonne histoire, aujourd’hui encore, c’est souvent l’histoire d’un mec qui fait des trucs. Et si ça peut être un peu violent, si ça peut inclure de la viande, une carabine et des lances, c’est mieux… ». Le récit, avec humour et lucidité des rouages de la fabrique des histoires.

Le premier signe remarquable du Chameau sauvage est qu’on peut le lire n’importe où, dans un embouteillage surchauffé, en faisant du patin à glace ou la cuisine, ou prosaïquement installé dans un fauteuil, on n’interrompra pas sa lecture, et on rira

À travers la voix de huit vieilles et vieux, Mohamed El Khatib dessine un paysage amoureux du troisième âge, un tableau nostalgique de nos bilans amoureux et d’un désir qui peut se nicher jusqu’aux derniers instants dans la fragilité de nos vies. Drôle, édifiant !

Profitant de l’été qui commence, Alan espère se plonger avec la discipline d’un guerrier samouraï dans l’écriture d’un livre profond et poignant. Ça et aussi s’occuper de la piscine des voisins partis en vacances…

Un retraité taciturne, ancien charcutier, veuf à la vie tranquille et ordonnée, devient malgré lui une icône planétaire de l’écologie après avoir découvert dans une brocante un manchot empereur pour lequel il va éprouver un irrésistible coup de foudre. Un roman délirant et… fondu.

Nous voici de retour dans le village des Grosses Rêveuses (Le Seuil, 1982), un coin jadis perdu dans la Haute-Loire qui s’est rapproché subitement de la ville par la grâce d’une nouvelle autoroute. La grosse Claudine est même devenue riche… !

Un roman raconte sa vie malchanceuse et les déboires qu’il rencontre lecteur après lecteur. Spectateur involontaire des actes les plus hilarants comme des plus cruels, des plus vertueux comme des plus tordus, il nous raconte la malice, le désir et la folie qui habitent chacun de ses lecteurs.

Au château, il y a le père, vieux lion du cinéma français et gloire nationale. Il y a la jeune épouse, ancienne Miss Provence-Alpes-Côte d’Azur, entièrement dévouée à sa famille et à la paix dans le monde. Il y a les jumeaux, la demi-sœur. Quant à l’argent, il a été prudemment mis à l’abri sur des comptes offshore. Virtuose, jouissif et réjouissant !

Rencontrer un loup végétarien, amateur de fraises des bois, ça n’arrive pas tous les jours… Une nouvelle version, bourrée d’humour, du Petit Chaperon rouge. Mais, attention ! Le texte n’est pas aussi simple que le célèbre conte, légère causticité oblige…

Lecture jeune public à partir de 8 ans

Sous forme de documentaire scientifique, l’auteur nous décrit l’évolution des bars, leurs caractéristiques, les coutumes qui les entourent et la faune qui les fréquente. Une pépite d’humour déjanté !

Stefano Benni partage son regard sur notre société à travers vingt-sept nouvelles tantôt désopilantes, tantôt glaçantes, toujours pleines de fantaisie et d’humour.

Avec un esprit rieur et corrosif, Véronique Ovaldé cueille une poignée de personnages qui savent combien de courage il faut pour vivre, et les met en scène dans des nouvelles où son art de l’ellipse et de la chute nous ravit.

Atteint du syndrome d’Asperger, l’homme qui se livre ici aime la vérité, la transparence, le scrabble, la logique, les catastrophes aériennes et… Sophie Sylvestre, une camarade de lycée jamais revue depuis trente ans. Un roman passionnant, plein d’humour.

Des récits courts qui parlent tout simplement de la vie en général, de la vie en couple et de ses bobos quotidiens. Intenses en émotions, aux chutes magnifiques en douceur, ils font un peu, beaucoup grimacer et parfois un peu, beaucoup, passionnément  sourire.

Quand elle sera grande, elle aura des belles jupes noires qui tournent et des jeans super-sexy… Entre polar, rigolade et poésie, tout l’univers fantasque et déjanté dont Brigitte Fontaine a le secret.

Patrick Kermann joue avec la mort et donne la parole à celles et ceux qui ne sont plus. Il veut dessiner, avec la Grande Faucheuse et les spectres qu’elle engendre, un espace de cérémonie et de paroles plus ou moins avouables, plus ou moins obsédantes. Mais toujours jubilatoires…

Mohammed, surnommé Momo, raconte sa vie à Belleville. Depuis ses 3 ans, il est gardé par M^me Rosa, une juive rescapée d’Auschwitz, prostituée à la retraite et qui est maintenant gardienne d’une pension clandestine pour les enfants des prostituées. Une œuvre traversée par les larmes et le rire qui souligne l’importance du comique, de l’humour et de l’ironie face au malheur.

Une vie entre deux langues et deux pays. D’un côté, la Russie de l’enfance, celle de la datcha, de l’appartement communautaire où les générations se mélangent… De l’autre, la France, celle des mots qu’il faut conquérir. Drôle, tendre, frondeur, une voix hors du commun.

On ne devient pas cosmonaute par hasard. Il faut avoir éclusé pas mal de bières, éprouvé cent métiers, cent misères et être tombé fou amoureux d’une hystérique et neurasthénique qui se révèle vite enceinte, avant de vivre cette grossesse de façon tragi-comique. Plus comique que tragique d’ailleurs…

Comment c’est possible ? On n’en sait rien ; c’est en train d’arriver, c’est tout. Ainsi, soudainement, certaines filles et femmes, les « Phallers » ont la capacité psychique de faire imploser les phallus. Une fable provocatrice, hilarante, jubilatoire, sanglante, cinglante et d’un mauvais goût absolument savoureux.

Dans cette nouvelle, on suit avec amusement l’installation à la campagne de Garance et Julienne, péripatéticiennes parisiennes et on retrouve avec délectation l’humour et la virtuosité qui ont fait la réputation de Bernard Quiriny.

Le lecteur traverse ce livre comme une foule, il reconnaît certains visages, et croit parfois apercevoir sa propre silhouette au détour d’une page. Des histoires tragi-comiques comme autant de fragments de vie compilés…

Italo Calvino donne la parole à Marco Polo, le célèbre explorateur, pour décrire avec une précision et une poésie incroyables ces « villes invisibles », à la fois réelles et imaginaires, reflétant rêves, désirs et peurs de l’humanité. Chaque ville est unique, avec ses propres caractéristiques et son atmosphère particulière, son propre langage, sa propre culture et ses propres habitants, leur exploration créant ainsi un monde riche et complexe. Dans certaines villes nous ferons une halte pour entendre la musique de compositeurs amis de Calvino, notamment Luciano Berio.

Avec ces douze récits dont le succès en Italie fut immense, Calvino, qui a tout lu d’Einstein à Jacobson et de Hegel à la cybernétique, passe à un fantastique d’un autre genre : ce qu’on pourrait appeler la préhistoire-science-fiction.

Qfwfq, le héros de ce livre est vieux comme le monde. Rien de ce qui s’est passé depuis des millions d’années ne lui est étranger : galaxies et dinosaures, systèmes solaires ou ères géologiques…
Une nuit, il observe comme d’habitude le ciel avec son télescope et remarque un message venu d’une galaxie de cent millions d’années-lumière qu’il prend immédiatement pour lui.

Anatole Bernolu, anthropologue, familier des marabouts de Barbès, s’est donné une mission qui tient plus de la révélation scandaleuse que de la thèse : mettre au jour les manigances criminelles d’un serial killer inattendu… Claude Lévi-Strauss.

Née à Cannes dans une famille pourtant respectable, Pauline Toulet suit des études d’anthropologie. À sa grande surprise, elle n’obtient pas de bourse pour financer une thèse très sérieuse sur les marabouts de Paris. Mais qu’importe : elle est recueillie par un magazine aux abois où elle apprend les règles typographiques et l’art d’endormir les créanciers. Quand ceux-ci finissent par se réveiller, elle se retrouve avec beaucoup de temps libre et l’idée d’un petit livre : celui-ci.

Gabriel Garcia Márquez (1927-2014) se révèle ici aussi doué pour la nouvelle que pour l’épopée. Chacun de ces douze contes nous entraîne en quelques pages au cœur de situations ahurissantes où le « réalisme magique », cher à l’écrivain colombien, imprègne tour à tour Vienne, Genève, Barcelone et Naples où Prudencia Linero, qui vient de Buenos Aires, se rend dans le but de se faire confesser par le pape.

Si l’évidente similitude entre les asperges dans nos assiettes et l’immortalité de nos âmes sur la terre est enfin reconnue par la communauté scientifique, ce, quel que soit le mode de cuisson, c’est que le charme de l’ironie absurde d’Achille Campanile se sera abattu sur notre quotidien. Votre regard sur les asperges va s’en trouver irrémédiablement changé…
Le talent d’Achille Campanile reste encore ignoré en France. L’humour de cet écrivain, aussi à l’aise dans les saynètes surréalistes que dans l’analyse psychologique des ridicules de ses contemporains, mérite pourtant d’être apprécié.

L’œuvre de Sepúlveda est marquée par son engagement politique et la lutte contre les dictatures des années 70. Son roman « Le Vieux qui lisait des romans d’amour » a apporté à cet écrivain chilien une renommée internationale. Dans «L’Ouzbek muet », il nous raconte des histoires irrésistiblement drôles et tendres en hommage à un temps où on pouvait rêver « d’être jeune sans en demander la permission ».

Ce court récit trouve sa place dans un recueil de nouvelles placées sous le signe de l’ironie et du sport. Avec ces chroniques à la fois cinglantes et tendres, Paul Fournel nous plonge avec un bonheur non dissimulé dans le petit monde des athlètes.

Écrivain, poète, auteur dramatique, Paul Fournel appartient à cette deuxième génération d’oulipiens, cooptés du vivant de Queneau. Auteur du premier livre consacré à l’OuLiPo, spécialiste de Guignol, Paul Fournel a dirigé les éditions Ramsay, puis Seghers. Beaucoup de ses livres ont été couronnés de prix littéraires : Bourse Del Duca, Goncourt de la nouvelle, Renaudot des lycées, etc.

Une révision indispensable et surprenante de nos tables de multiplications proposée par Paul Fournel, passées par le laboratoire Oulipien d’Hervé Le Tellier avec l’euphorie jubilatoire de son implacable pataphysique. Une démonstration éblouie qui fournit une solution infaillible à l’infinité des équations.

Les Grosses Rêveuses est un recueil de vingt nouvelles qui mettent en présence des personnages habitant un même village et susceptibles de se rencontrer à un moment ou à un autre. On y découvre le destin des Wasserman, qui au bout de vingt-sept ans d’économie, parviennent à faire construire leur maison…

Dans ce livre, c’est le souci de la langue, du poids des mots, des prépositions qui se trouve questionné. Et lorsque, par un monologue adroitement gueulard, surgissent les prouesses inventives d’une langue remuée dans son jus, alors on se dit que l’oralité, cette voix du présent non filtrée, sans crainte de périmer, peut encore pénétrer la littérature.

Nathalie Quintane publie chez P.O.L. (depuis 1997) et parfois à la Fabrique (depuis 2011) des livres le plus souvent sans indication générique. Derniers ouvrages parus : Un hamster à l’école (La Fabrique, 2021) ; Tout va bien se passer (P.O.L., 2023)

Détective-généalogiste est d’ordinaire un métier plutôt tranquille, sauf lorsqu’une escort girl callipyge en Louboutin vous engage pour éclaircir les circonstances de la mort de son ancêtre, le célèbre et sulfureux poète Percy Shelley. Un polar nerveux dans lequel on croise Frankenstein, la reine Victoria, et Lord Byron pour ne citer qu’eux. Quel film cela ferait !

Romancier, illustrateur, scénariste, « touche-à-tout » autodidacte -à l’humour corrosif, Tito Topin a publié une trentaine de romans et polars. Son écriture est rythmée, incisive, presque cinématographique et toujours empreinte d’humour.

Aucune des armes mobilisées par les grandes puissances mondiales ne viendra à bout des extraterrestres qui ont envahi la terre après que les humains ont accueilli leurs émissaires à coups de lances et de fusils. Il faudra un sage africain sous un arbre à palabre pour découvrir que le vin de palme et John Coltrane sont les deux seules choses sur terre qui intéressent jusqu’à l’extase nos aliens aux cheveux verts et à la peau bleue.

Né en République centrafricaine, Emmanuel Dongala enseigne dans le Massachusetts. Figure majeure du renouveau des littératures africaines, il développe, dès ses premiers ouvrages, une narration complexe, ouverte à la magie, à l’invraisemblance, où le récit se forme sur des jeux de temporalité élaborés. Faisant de l’écriture l’instrument d’un dévoilement, il met à jour des faces cachées du monde bouleversé qu’il observe.

L’ensemble de jazz

– Daniel Berger-By, saxophone ténor
– Hélène Canas, saxophone alto
– Sébastien Chopard, saxophone baryton
– Théo Cincotta, saxophone alto
– Vincent Cladère, piano
– Fabien Dekeyser, basse
– Nans Delaye, batterie
– Sarah Djafri, saxophone alto
– Jean-Louis Mary, saxophone ténor